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boite à livres
28/08/2019

Le Maine Libre 21 août 2019

Kalistâ St Calais fabriquent les boîtes à livres du Mans

Elles hébergent des livres vagabonds qui s’empruntent sans aucune contrepartie. On en prend, on en dépose. Grâce à elles, les ouvrages circulent en toute liberté.

À la plage, elles s’habillent en cabanes balnéaires. Dans les campagnes, elles colonisent d’anciennes cabines téléphoniques ou naissent de matériaux recyclés confiés à des bricoleurs.

Au Mans, les principales boîtes à livres, de sobre acier bruni, sont l’œuvre de la conceptrice Soizic Forveille, choisie lors de l’appel à projets lancé par la Jeune chambre économique.

Or depuis deux ans, ces coffrets hauts sur pattes fabriqués par Kalistâ, une association pour jeunes et adultes handicapés, fleurissent dans les quartiers.

Des livres vagabonds

Mercredi. La fin d’après-midi lézarde encore. Les visites à la boîte à livres postée place de la République sont continues. Il ne reste pourtant plus grand-chose en rayonnage, « mais si vous étiez passés ce matin, les étagères débordaient d’ouvrages et de magazines », précise Thierry, professeur de lettres et lecteurs compulsifs.

« Je regarde chaque jour, souvent à la République, mais je visite aussi les boîtes du Jardin des Plantes, du parc Théodore-Monod ou du square Dubois dans le Vieux Mans. »

«Parfois, il y a des trésors !»

Très dandy avec sa canne et son chapeau, Thierry jubile à l’évocation de sa découverte récente d’un livre d’art sur Corinthe et Épidaure. « Parfois, il y a des trésors ! », glisse-t-il sur le ton du secret.

S’il emprunte beaucoup, il se montre aussi généreux donateur. « En ce moment je range mes bibliothèques et je découvre des doublons, voire des triplons que je mets en circulation. »

« Il était là pour que je le rencontre »

C’est cela l’esprit des boîtes à lire : permettre aux livres de passer de mains en mains, de voyager d’une tête à l’autre.

Élisabeth, est aussi une fidèle du filon de la République. « Elle est très bien placée et à chaque fois que je passe, je regarde si quelque chose me plaît, sans idée préconçue. La boîte m’attire comme un aimant. »

La jeune femme montre son butin du jour, « Désorientale », le magnifique roman de Negar Djavadi. Bonne prise. « Le hasard n’existe pas », sourit la jeune lectrice. « Il était là pour que je le rencontre… »

Mini-bibliothèques gratuites

Ces mini-bibliothèques sans façon, gratuites, sont ouvertes au vent de la curiosité. Il faut se laisser surprendre, comme Suzanne, croisée au parc Monod, ravie d’avoir choisi un roman de Noëlle Châtelet, « pris au hasard. Il m’a tant plu que je l’ai prêté à ma belle-sœur. Elle aussi le fera circuler ».

Sur l’entrefaite, Louis 15 ans, pointe le bout du nez. « Je cherche surtout des documents sur le monde animalier, mais je n’en trouve pas souvent », concède le collégien qui se console avec un exemplaire du magazine « Quatre saisons ».

Poches et grands formats

En chaque lieu, livres et revues sont en bon (voire parfait) état. La diversité est au rendez-vous. Se côtoient les poches et grands formats, polars de Ruth Rendell et une biographie de Claude François, des romans de Françoise Bourdin et des essais économiques, des livres pour les enfants, les ados, les lecteurs avides et les plus timides.

Au petit bonheur la chance, il suffit d’ouvrir la porte.

En France, des boîtes à lire par milliers

Le site boîte-à-lire.com recense en cette fin d’été près de 5 200 boîtes à livres sur l’ensemble du territoire. « En réalité, il en existe bien davantage puisque toutes ne sont pas référencées sur notre site », précise Romain, membre de l’association qui se fie aux inscriptions des « lanceurs » de boîtes à livres.

« Depuis deux ans, on note un essor important », ajoute le Lyonnais qui dans sa ville a vu doubler le nombre de ces bibliothèques de rue. Le phénomène particulièrement notable dans les agglomérations gagne de plus en plus les communes de taille plus modeste.

Nadine, la pionnière en Sarthe

Tout ne vient pas des États-Unis. Pour preuve, les boîtes à lire sont nées en Autriche en 1991 de la belle idée d’un duo d’artistes.

Germanophile et grande lectrice, la Sarthoise Nadine Jolu a découvert ces bibliothèques spontanées en Allemagne voici une quinzaine d’années. « J’ai trouvé le principe génial, mais j’avoue que je ne misais pas trop sur la greffe en France où l’on est moins respectueux que dans les pays germaniques. »

«Ca marche !»

Pourtant l’apparition des premières boîtes à livres de ce côté du Rhin, l’encourage à tenter l’expérience dans la Sarthe. Voici cinq ans, cette professeure d’Yvré-l’Évêque auprès d’écoliers primo-arrivants, implique sa classe dans la construction d’une boîte installée à l’entrée de la Résidence du Parc, foyer logement. « Et ça marche ! La boîte fonctionne désormais en parfaite autonomie. Elle est toujours garnie et toujours nickel ! »

Ambassadrice de la cause, lors de ses voyages, Nadine ne manque jamais l’occasion de photographier les boîtes à livres croisées en route et de partager les photos sur les réseaux.

 
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